samedi 23 septembre 2023
jeudi 14 septembre 2023
Mais comment la jeune Jasmine - de son vrai prénom - pouvait elle bien évoluer et apporter du rythme à ses compositions sans dénaturé son style ? Eh bien, en exploitant corps et âme son admiration pour la prêtresse de la pop anglaise, Kate Bush. Plus globalement, Portraits est un délicieux pastiche de la new wave et ce dès les premières notes de synthés saccadées de Paradise Calling qui lui offre tous les atouts pour devenir un tube en puissance. Sur Raincatchers, c'est un brin nostalgique que Birdy se dévoile, parlant de rêves et d'innocences sur un beat catchy et des strings martelant le rythme comme Kate le faisait avec Cloudbusting. Le clip accompagnant la chanson est aussi déroutant qu'étrange. Plus surprenant encore, Ruins I et Ruins II montrent deux points de vue différent sur la rupture amoureuse. Le premier profite d'un arrangement hypnotique. La froideur de son refrain « It's a cold, cold life / We'll never be the same again / I was blind / Now I'm seein' through it ») et l'orchestration en font un moment fort de l'album. Quand, au second, il y est plus question d'acceptation de laisser partir l'autre (« You have the right to walk away / It's all right in your hands »). Ce dernier rappelant là encore beaucoup l'album Hounds of Love de Kate, ce qui n'est pour autant pas pour me déplaire, loin s'en faut. Heartbreaker et Automatic reviennent à un rythme plus soutenue, comme une ode au lâcher-prise. I Wish I Was a Shooting Star a ce petit quelque chose de Bowie en s'interrogeant sur son devenir, la peur de sombré, comme l'ombre de Major Tom dans Ashes to Ashes. La chanteuse n'oublie pas ses premiers amours piano-voix avec la pureté de Your Arms qui s'intègre bien à l'ensemble. Battlefield commence dans la même vein et vient y ajouter délicatement de petites notes de synthés pour un résultat très juste. Le morceau éponyme, Portraits, est un moment suspendu, tout en nuances et légèreté, qui illustre l’influence de la pop de Christine And The Queens sur la jeune femme. Enfin, Tears Don't Fall est une jolie conclusion qui ne tutoie toutefois pas les sommets de la première moitié du disque. L'ensemble est cependant tout à fait honorable, respectable et mérite que l'ont s'y penche.
Sans rompre avec tout ce que l'ont connaissait d'elle et qui a fait son charme, Birdy ose laisser libre cours à son influence jusque là inexploité pour Kate Bush et la pop eighties. Bien que deux-trois titres ici auraient pu être des tubes radiophoniques, il n'y a ici pas nécessairement de démarche commerciale, mais une humble déclaration d'amour pour un style et une expression intime et personnel de la jeune chanteuse originaire du Hampshire pour quelques grandes figures de cette époque. Mention bonus pour la pochette avec une Birdy éprise, éblouissante, devant un reflet de toute beauté.
mardi 15 août 2023
Taxi Driver
samedi 5 août 2023
Barbie de Greta Gerwig (sorti le 19 juillet 2023)
★★★½
Synopsis : A Barbie Land, vous êtes un être parfait dans un monde parfait. Sauf si vous êtes en crise existentielle, ou si vous êtes Ken.
Un bonbon pop et coloré, voilà ce qu'est Barbie. Loin d'être un chef-d'œuvre, le long-métrage de Greta Gerwig (Lady Bird, La fille du docteur March) a au moins le mérite d'oser l'originalité et c'est déjà un très bon point, surtout de nos jours. Il y a du rose dans toutes les scènes et les décors sont très soignés. La réalisation en met plein la vue, à la hauteur de ce qu'on en attendais d'un film nommé Barbie. La reconstitution du monde tout rose de la célèbre poupée est saisissante et nous vend du rêve plein les yeux. C'est beau sans jamais être ringard et surtout le film surprend par un propos très juste sur le féminisme et son opposé le patriarcat, grâce à beaucoup d'humour, de second degré et deux acteurs principaux qui s'y mettent à cœur joie de se donner la répliques : Margot Robbie et Ryan Gosling sont excellents. Dans un monde où les Ken sont aux aboies pour être le gentil prince des Barbie, ils finissent par découvrir le patriarcat et ce retournement de situation donnent lieux à des moments hilarants. Ce qui est intéressant également, ce sont les différents niveaux de lecture possible du film, qui de ce fait, participe à dépoussiérer l'image de Barbie. Bien sûr, c'est un énorme coup de com' pour Mattel et la morale sur le féminisme est bien connue, mais le fait d'évoquer ce sujet-là avec Barbie et un univers édulcoré comme celui-là en fait une œuvre à part qui en plus nous fait passer un excellent moment et nous fait sourire. En plus, la bande-son pop est génial avec Lizzo et Dua Lipa, entre autres. Greta Gerwig réussi ainsi son pari de faire un film plus que respectable sur Barbie.
Plus c'est long, plus c'est Bond
Mes cinq albums préférés de David Bowie
Précédant de quelques mois la « Ziggymania » et passant relativement inaperçu à sa sortie avant d'être redécouvert par la suite, Hunky Dory est indubitablement l'un les chefs d'œuvres de David Bowie. Ce dernier rend ici hommage à plusieurs de ses idoles: Bob Dylan sur Song for Bob Dylan, Andy Warhol sur le titre du même nom ou encore Lou Reed et le Velvet Underground sur Queen Bitch où tous les fondamentaux du glam de Ziggy sont déjà là. Mais c'est surtout grâce à cet album que l'on se rend compte de l'énorme talent de ce jeune songwriter avec des titres d'une maturité exemplaire tels que Bewlay Brothers où il aborde la schizophrénie de son frère et les resplendissant de beauté Life on Mars? - dont la mélodie est librement et volontaire inspiré de My Way avec des paroles plus « extra-terrestre » où il est question de recherche d'indentité - ou encore Changes où Bowie affirme représenté un vent de changement (« Ooh, look out, you rock 'n' rollers / Pretty soon now you're gonna get older »). Enfin, tout jeune papa, Bowie en profitera également pour faire un clin d'oeil au petit 'Zowie' Duncan Jones sur Kooks. Hunky Dory est l'un des disques les plus personnels du chanteur.
Key tracks : Changes - Life on Mars? - Quicksand - Queen Bitch - Fill Your Heart
Numéro 1 ex aequo : Aladdin Sane (1973)
Cet
album est la suite des aventures de Ziggy Stardust et devait
même à l'origine s'intituler « Ziggy goes to America » (Ziggy
va en Amérique). David Bowie a finalement choisi le titre de la chanson Aladdin
Sane pour le titre de l'album (avec le jeu de mot « A lad insane
», « un type fou » en français). L'album se démarque par un son plus rock et
plus américain que le précédent. Le ton est plus « dramatique » que
jamais comme en témoigne le poignant et somptueux Time où
il est question d'apocalypse et de fin du monde sur un ton très drama de
cabaret. Ce thème est aussi présent sur Drive-In Saturday où
des survivants d'une apocalypse nucléaire ont oublié toute notion de sexe et
regarde d'ancien films pour réapprendre à se reproduire. Chaque titre nous fait
voyager dans des ambiances très particulières comme le superbe Lady
Grinning Soul, entre mélancolie et nostalgie. Cracked
Actor et son aspect proto-punk, Aladdin Sane et
sa folie furieuse à peine contrôlée (et son solo de piano par Mike Garson
totalement unique dans l'histoire de la musique contemporaine) ainsi que, bien
entendu, le classique The Jean Genie, un calembour glam-rock
sur le nom de Jean Genet, abordant l'homosexualité. L'album comporte aussi
une reprise glam de Let's Spend the Night Together des Stones
où Bowie se réapproprit complètement le titre. David Bowie devient alors une
icône.
Premier volet de la très osé « Trilogie berlinoise » de David Bowie avec le producteur Brian Eno, Low a été enregistré en France au Château d'Hérouville, là ou T.Rex, Elton John ou encore Pink Floyd enregistreront quelques uns de leurs classiques. Seul le mixage a été réalisé au studio Hansa à Berlin, légendaire studio dans lequel il pouvait régner une ambiance très spéciale puisqu'on pouvait y observer le mur et les gardes gardant l'accès à l'Est lorsque l'on y travaillait. Très inspiré par le style « Krautrock » défendu par des formations allemandes telles que Kraftwerk, Low (qui a bien failli s'intituler New Music : Night and Day) sera une prise de risque considérable pour David Bowie qui se lance dans des expériences beaucoup plus électroniques. C'est à Brian Eno que l'ont doit les nombreux synthétiseurs de l'album et le côté très avant-gardiste, tandis que Tony Visconti trouve l'idée des boites à rythmes révolutionnaires. La face A est marqué par un mélange de guitares, grosses percussions et synthés qui inspirera en partie le mouvement New Wave. Tandis que toute la face B de l'album est entièrement instrumental et il y règne l'ambiance du Berlin des années 70 aux travers de chœurs et de nappes de synthés assez troublants.
Key tracks : Breaking Glass - Sound and Vision - Be My Wife - Always Crashing in the Same Car - A New Career In a New Town - Warszawa - Art Decade
Numéro 4 : The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars (1972)
Numéro 5 : Scary Monsters (and Super Creeps) (1980)
Après la trilogie berlinoise, David Bowie commence les années 1980 avec ce qui est considéré par certains comme son dernier grand disque, Scary Monsters (and Super Creeps). Cet album marque un premier pas vers un style plus commercial, en témoigne le single Ashes to Ashes où dans les paroles, Bowie tire un très sur son passé, puisqu'il y parle de Major Tom (le même que dans Space Oddity), un junky qui se drogue et il nous dit à propos de lui : « My mother said to get things done, You'd better not mess with Major Tom » (« Ma mère m'a donné des conseils, il ne faut pas trainer avec Major Tom » ). On retrouve sur l'album le guitariste Robert Fripp du groupe King Crimson (présent sur l'album "Heroes") qui excelle d'une manière parfaite et splendide sur It's No Game (titre en deux parties, qui ouvre et ferme l'album), le terrifiant Scary Monsters and Super Creeps qui parle d'une femme tombant dans la folie, l'excellent Fashion entre punk et funk, Teenage Wildlife ou encore sur la très bonne reprise de Kingdom Come de Tom Verlaine. Pete Townshend, guitariste des Who marque son emprunte sur Because You're Young. A noter enfin que le clip de Ashes to Ashes où Bowie est maquillé et habillé en Pierrot vaut le coup d'œil, d'autant que c'était à l'époque le clip le plus couteux.
Key tracks : Ashes to Ashes - Fashion - Scary
Monsters - Because You're Young - Scream Like a Baby - It's No Game
samedi 29 juillet 2023
Oppenheimer : Coeur froid et brûlant à la fois
★★★★
Synopsis : En 1942, convaincus que l’Allemagne nazie est en train de développer une arme nucléaire, les États-Unis initient, dans le plus grand secret, le "Projet Manhattan" destiné à mettre au point la première bombe atomique de l’histoire. Pour piloter ce dispositif, le gouvernement engage J. Robert Oppenheimer, brillant physicien, qui sera bientôt surnommé "le père de la bombe atomique". C’est dans le laboratoire ultra-secret de Los Alamos, au cœur du désert du Nouveau-Mexique, que le scientifique et son équipe mettent au point une arme révolutionnaire dont les conséquences, vertigineuses, continuent de peser sur le monde actuel…
Audacieux, Oppenheimer parvient à être captivant malgré une durée de trois heures et une minute. Malgré quelques longueurs - car il faut bien le dire, c'est quand même long - je ne voit pas ce que l'ont pourrait retirer à ce film pour le raccourcir car chaque dialogue à son importance. C'est bavard, tendu et ça ne vend pas franchement du rêve, mais nous ne sommes pas franchement là pour ça. C'est plus un moment de l'Histoire auquel on assiste. Oppenheimer montre ainsi une grande froideur dans sa réalisation et le protagoniste à une allure très « Thin White Duke » à laquelle on parvient pourtant à s'attacher. Cillian Murphy lui donne beaucoup d'élégance et de finesse. On se prend à trouver Robert Oppenheimer fascinant. Il avait compris l'enjeu et en même temps, se pose la question de s'avoir s'il ne s'est pas fait dépassé par l'enjeu, justement. Le personnage est complexe et c'est bien ça qui le rend aussi intéressant. A ses côtés Emily Blunt est touchante dans le rôle d'une femme aimée mais impuissante face à ce que son homme à entre les mains.
Christopher Nolan aborde avec ce nouveau long-métrage un thème qui lui est cher : la confrontation de l’Homme avec une puissance qui le dépasse. Après la dimension de l'Espace dans Interstellar, celle de la guerre dans Dunkerque et donc, là aussi celle de la guerre dans Oppenheimer, avec un point de vue différent cette fois, celui de l’homme qui crée lui-même le superpouvoir capable de tout détruire. Le film se situe dans la moyenne haute de la filmographie du réalisateur sans toutefois atteindre Interstellar ou Dark Knight. Les dialogues sont de qualité et ont retrouve l'exigence de Nolan, mais j'aurai aimé plus d'actions et de suspens. Bien que sophistiqué, l'ensemble est impeccable de réalisme.