samedi 23 septembre 2023


L'album Tension de Kylie Minogue (sorti le 22 septembre 2023)
★★★★

Au moment même où Kylie Minogue célèbre les trente-cinq ans de son premier album, elle décroche les honneurs avec un seizième album qui surprend par sa cohérente et sa production terriblement accrocheuse.

Celle que l'on surnomme la princesse de la pop poursuit sur une recette déjà bien établie depuis Light Years et Fever, mais elle le fait très bien. Touchant là où il faut en pleine nostalgie eighties - nineties avec Padam Padam et une chorégraphie devenue virale sur Tik Tok, la chanteuse nous déballe une jolie sucrerie d'été irrésistible, devenu un hymne de la fierté. Les paroles, aussi étranges que simple, sont le reflet d'un concept de légèreté, aux antipodes du titre de l'album : Tension.
Disco avait préparé le terrain il y a trois ans, mais souffrait d'être trop convenu, trop disco, justement, et peut-être pas assez Kylie aussi, là où la même année, Dua Lipa et son Future Nostalgia avait su capté une nostalgie assez large en piochant intelligemment dans le disco, les eighties et les nineties, tout en se tournant vers l'avenir. En accommodant les boules à facettes et les chapeaux de cowboy, la chanteuse avait sacrifié un certain degré de spontanéité. Cette fois, épaulé des producteurs Lostboy, du DJ allemand Oliver Heldens et retrouvant son acolyte Biff Stannard, Kylie a retrouvé le goût de la simplicité. En enregistrant avec une configuration de micro portable dans des Airbnb's et des chambres d'hôtel, Kylie Minogue revient à l'essence même de ce qui fait qu'on aime Kylie Minogue : Plus de spontanéité, et c'est ça qui fait qu'on la reconnait mieux.
On retrouve les thèmes de prédilection de longue date de la chanteuse : L'amour, le sexe. Outre l'entêtant Padam, Padam, Tension regorge de tubes potentiels. A commencer par le morceau titre et ses notes de piano appuyés qui apportent une vibe qui incite au laché-prise et au dance-floor. Hold on Now est une parfaite Kylie song, commençant en douceur sur les couplets et laissant place ensuite à un refrain dansant au possible, nous incitant juste à vivre nos rêves : « Dreamin' we'll be dancin' forever / Floatin' on this feeling together ». Things We Do for Love illumine par un rythme terriblement efficace qui en ferait un hit instantanée. One More Time propose un jolie mix disco - house, proposant de faire des choses à deux : « You know there's somethin' 'bout you and me / One more time, one more time, one more time... », tandis que You Still Get Me High clôt la première face de l'album en surprenant par un début lent, mélancolique, qui passe de manière presque inattendu, mais agréable à un rythme endiablé sur le refrain et une sensation de grandeur.

Hands et ses inévitables claquements de main pour une chanson portant ce titre, ralenti le rythme pour quelque chose de plus léger avec une partie rap à la manière d'Ariana Grande ou Dua Lipa sur Pretty Please (... de l'album Future Nostalgia). Green Light contient le genre de solo de saxophone que l'ont est plus habitué à entendre chez Sade ou Phil Collins, s'intégrant à la douceur du rythme pop du titre . Kylie Minogue repart à l'assaut du dancefloor avec un Vegas High ultra efficace que certain dirait qu'il a été écrit spécifiquement pour promouvoir sa prochaine résidence à Sin City. 10 Out of 10, produit par Oliver Heldens et en duo avec celui-ci, revendique avec brio ce canon en expansion pour les pistes de danse. Tension se termine par Story, une chanson d'amour plus pointu que les autres de par sa production et aussi vocalement où la voix de Kylie part très haut sur le refrain.
L'ensemble étant court (trente-cinq minutes), on pourrait regretter que les trois chansons de l'édition deluxe ne soit que sur celle-ci. Love Train et Just Imagine constituent une suite logique aux onze morceaux de l'album sont toutefois tutoyer les sommets de celui-ci. Somebody to Love, assez classique, mais efficace, ferme le disque de manière percutante.

À son meilleur niveau, la musique de Kylie possède une intensité énergisante de manière à faire tourner la tête et fait appel directement au cœur et au corps. Le produit final est un recueil de tous les sons pour lesquels Minogue est connu : de la synth-pop confiserie, de l'Euro house légère et de l'EDM. Tension est dans cette mouvance. Un pure album de Kylie Minogue. Vivant, romantique, glamour. Et plus encore, par sa production léché et précise, Tension se révère aisément être son meilleur disque depuis Aphrodite. Ainsi, la force de Kylie est d'être toujours là et surtout toujours au sommet pour nous faire vibrer et danser.

jeudi 14 septembre 2023


Portraits de Birdy (album parût le 18 août 2023)
★★★★

Propulsé au rang de star à l'âge de 15 ans avec ses reprises mélancoliques au piano de Skinny Love et People Help the People, il est intéressant de constaté que si le temps des passage radios et des sommets dans les charts est bien révolu pour elle, Birdy poursuit son ascension vers une humble reconnaissance critique avec des albums, qui certes ne se vendent clairement plus à la pelle, mais possèdent des qualités indéniables depuis le brillant Young Heart qui sonnait comme un tournant inattendu dans sa discographie, grâce à des textes plus matures et des mélodies plus sophistiquées.

Mais comment la jeune Jasmine - de son vrai prénom - pouvait elle bien évoluer et apporter du rythme à ses compositions sans dénaturé son style ? Eh bien, en exploitant corps et âme son admiration pour la prêtresse de la pop anglaise, Kate Bush. Plus globalement, Portraits est un délicieux pastiche de la new wave et ce dès les premières notes de synthés saccadées de Paradise Calling qui lui offre tous les atouts pour devenir un tube en puissance. Sur Raincatchers, c'est un brin nostalgique que Birdy se dévoile, parlant de rêves et d'innocences sur un beat catchy et des strings martelant le rythme comme Kate le faisait avec Cloudbusting. Le clip accompagnant la chanson est aussi déroutant qu'étrange. Plus surprenant encore, Ruins I et Ruins II montrent deux points de vue différent sur la rupture amoureuse. Le premier profite d'un arrangement hypnotique. La froideur de son refrain « It's a cold, cold life / We'll never be the same again / I was blind / Now I'm seein' through it ») et l'orchestration en font un moment fort de l'album. Quand, au second, il y est plus question d'acceptation de laisser partir l'autre (« You have the right to walk away / It's all right in your hands »). Ce dernier rappelant là encore beaucoup l'album Hounds of Love de Kate, ce qui n'est pour autant pas pour me déplaire, loin s'en faut. Heartbreaker et Automatic reviennent à un rythme plus soutenue, comme une ode au lâcher-prise. I Wish I Was a Shooting Star a ce petit quelque chose de Bowie en s'interrogeant sur son devenir, la peur de sombré, comme l'ombre de Major Tom dans Ashes to Ashes.  La chanteuse n'oublie pas ses premiers amours piano-voix avec la pureté de Your Arms qui s'intègre bien à l'ensemble. Battlefield commence dans la même vein et vient y ajouter délicatement de petites notes de synthés pour un résultat très juste. Le morceau éponyme, Portraits, est un moment suspendu, tout en nuances et légèreté, qui illustre l’influence de la pop de Christine And The Queens sur la jeune femme. Enfin, Tears Don't Fall est une jolie conclusion qui ne tutoie toutefois pas les sommets de la première moitié du disque. L'ensemble est cependant tout à fait honorable, respectable et mérite que l'ont s'y penche.

Sans rompre avec tout ce que l'ont connaissait d'elle et qui a fait son charme, Birdy ose laisser libre cours à son influence jusque là inexploité pour Kate Bush et la pop eighties. Bien que deux-trois titres ici auraient pu être des tubes radiophoniques, il n'y a ici pas nécessairement de démarche commerciale, mais une humble déclaration d'amour pour un style et une expression intime et personnel de la jeune chanteuse originaire du Hampshire pour quelques grandes figures de cette époque. Mention bonus pour la pochette avec une Birdy éprise, éblouissante, devant un reflet de toute beauté.


mardi 15 août 2023

Taxi Driver

 

Taxi Driver (1976) de Martin Scorsese, avec Robert de Niro, Jodie Foster, Cybill Shepherd et Harvey Kettel.

Aujourd'hui, je vais vous parler de mon film préféré de tous les temps, Taxi Driver. Cet article n'est pas une critique, car il est impossible pour moi d'être objectif en parlant de ce film, tellement il est excellent. Alors, je vais juste écrire pourquoi j'adore ce film. J'avais envie de faire un article sur Taxi Driver parce que c'est un film qui m'a beaucoup marqué et que ce film est l'un des plus grands films de tous les temps. De plus, on y trouve un immense acteur qu'est Robert de Niro, un de mes héros du cinéma depuis que j'ai vu le film pour la première fois. Taxi Driver m'aura aussi fait découvrir un immense réalisateur, Martin Scorsese. Ce film m'a donc fait susciter un double intérêt puisque depuis, Scorsese est un de mes réalisateurs préférés, et De Niro, un de mes acteurs préférés.

Synopsis: Vétéran de la Guerre du Vietnam, Travis Bickle est chauffeur de taxi dans la ville de New York. Ses rencontres nocturnes et la violence quotidienne dont il est témoin lui font peu à peu perdre la tête. Il se charge bientôt de délivrer une prostituée mineure de ses souteneurs.


Ce film mythique, sorti en 1976, est le premier grand classique de Martin Scorsese. Même si il y a eu Mean Streets en 1973 qui était déjà un bon film avec Harvey Kettel en premier rôle, et Robert de Niro en second rôle, c'est bel et bien Taxi Driver qui permet à Scorsese de devenir un réalisateur de grande renommée. Pour preuve, le film a obtenu la palme d'or au festival de Cannes en 1976. L'autre grand nom de ce grand film, c'est évidemment Robert de Niro, que Scorsese a choisi cette fois-ci de mettre au premier plan. De Niro crève l'écran dans le rôle de Travis Bickle, chauffeur de taxi tourmenté et insomniaque qui voudrait qu'on nettoie la « racaille  » des rues de New York. Il laisse pleinement exprimer son talent dans ce qui est son premier grand rôle. Sa prestation est magistrale ! Il est à fond dans la peau de ce personnage paumée qui veut à tout prix trouver un moyen pour sortir de sa solitude. Pour cela, il s'y prend  maladroitement, et manque de connaitre une idylle avec Betsy, l'assistante du candidat aux présidentielles Charles Palantine. Mais Travis va enfin trouver un sens à sa vie et devenir un héros, le jour où il décide de sauver une jeune fille prostituer mineure. C'est pour lui une façon de se venger contre cette ville qu'il n'aime pas, qu'il critique, qu'il trouve sale. Trop de prostituées dans les rues le soir, trop de racaille, s'en ai trop pour lui, c'est pour ça qu'il va agir... 

Scorsese est un véritable maitre qui nous montre parfaitement une ville de New York sombre et violente, où il illustre bien la solitude de ce chauffeur de taxi dans une ville aussi immense, qui peine à se construire une reconnaissance sociale. Une mise en scène vraiment superbe ! Taxi Driver est aussi - c'est important de le souligner - un des premiers films à traiter du traumatisme de la guerre du Vietnam (le traumatisme psychologique du personnage principal). Harvey Kettel est présent aussi, mais relégué en second rôle. Il y a aussi la belle et élégante actrice Cybill Shepherd. Martin Scorsese fait un caméo remarqué dans une scène presque traumatisante et la musique jazz colle bien avec l'image et l'ambiance de New York qui sont visible dans le film. Enfin, ont fait la connaissance d'une ravissante jeune actrice, Jodie Foster, alors seulement de âgée de quatorze ans. Elle avouera par la suite que c'est à partir de Taxi Driver et grâce à Robert De Niro qu'elle se sentit vraiment actrice et que c'est la voix qu'elle devait prendre. Ceci n'étonnera personne, tant De Niro est exceptionnel et ne peut que influencer les personnes qu'il rencontre. Taxi Driver n'est d'ailleurs que l'un des premiers films (avec Le Parrain 2 et Mean Streets) d'une longue listes de films dans lesquels De Niro incarne la perfection à l'état pure.


partir de Taxi Driver, c'est une grande complicité qui nait entre deux géants du cinéma américain, puisque par la suite, Robert De Niro apparaitra dans pas moins de huit autres films de Martin Scorsese, New York, New York, Ragging Bull, La valse des pantins, Les affranchis, Les nerfs à vifs, Casino, beaucoup plus récemment dans The Irishman et en 2023 dans Killers of the Flower Moon. Autant dire, l'un des duos acteur-réalisateur les plus prolifique de l'histoire du cinéma. Taxi Driver est un film qui influencera également beaucoup de réalisateurs par la suite. Parmi ceux-là, le français Luc Besson s'en inspirera en faisant quelques clins d'œil évident à Taxi Driver dans ses films Léon et Le cinquième élément.

samedi 5 août 2023

Barbie de Greta Gerwig (sorti le 19 juillet 2023)

★½

Synopsis : A Barbie Land, vous êtes un être parfait dans un monde parfait. Sauf si vous êtes en crise existentielle, ou si vous êtes Ken.

Un bonbon pop et coloré, voilà ce qu'est Barbie. Loin d'être un chef-d'œuvre, le long-métrage de Greta Gerwig (Lady Bird, La fille du docteur March) a au moins le mérite d'oser l'originalité et c'est déjà un très bon point, surtout de nos jours. Il y a du rose dans toutes les scènes et les décors sont très soignés. La réalisation en met plein la vue, à la hauteur de ce qu'on en attendais d'un film nommé Barbie. La reconstitution du monde tout rose de la célèbre poupée est saisissante et nous vend du rêve plein les yeux. C'est beau sans jamais être ringard et surtout le film surprend par un propos très juste sur le féminisme et son opposé le patriarcat, grâce à beaucoup d'humour, de second degré et deux acteurs principaux qui s'y mettent à cœur joie de se donner la répliques : Margot Robbie et Ryan Gosling sont excellents. Dans un monde où les Ken sont aux aboies pour être le gentil prince des Barbie, ils finissent par découvrir le patriarcat et ce retournement de situation donnent lieux à des moments hilarants. Ce qui est intéressant également, ce sont les différents niveaux de lecture possible du film, qui de ce fait, participe à dépoussiérer l'image de Barbie. Bien sûr, c'est un énorme coup de com' pour Mattel et la morale sur le féminisme est bien connue, mais le fait d'évoquer ce sujet-là avec Barbie et un univers édulcoré comme celui-là en fait une œuvre à part qui en plus nous fait passer un excellent moment et nous fait sourire. En plus, la bande-son pop est génial avec Lizzo et Dua Lipa, entre autres. Greta Gerwig réussi ainsi son pari de faire un film plus que respectable sur Barbie.



Plus c'est long, plus c'est Bond


Mourir peut attendre
 de Cary Joji Fukunaga (sorti le 6 octobre 2021)
★★★★

Synopsis : Bond a quitté les services secrets et coule des jours heureux en Jamaïque. Mais sa tranquillité est de courte durée car son vieil ami Felix Leiter de la CIA débarque pour solliciter son aide : il s'agit de sauver un scientifique qui vient d'être kidnappé. Mais la mission se révèle bien plus dangereuse que prévu et Bond se retrouve aux trousses d'un mystérieux ennemi détenant de redoutables armes technologiques...

C'est peu de dire que Mourir peut attendre s'est fait... attendre. Mais l'attente, aussi longue fût-elle, en valait quand même bien la peine (un peu comme cet article, non?). En dépit du fait que ce vingt-cinquième volet de la saga comporte moins de scènes d'actions qu'a l'accoutumée et ne surprend qu'assez peu sur ce plan, il brille d'avantage sur un plan psychologique, là où on ne l'attendait pas. En effet, Mourir peut attendre rend plus humain que jamais le personnage de James Bond et parvient à émoustiller de l'émotion sans jamais tomber dans le niais. Car c'est bien une histoire d'amour dont il est question. Daniel Craig campe ici une version plus sombre du personnage, qui se questionne sur son passé, son métier et son rapport avec les femmes. Il est question de quête de soit. Léa Seyoux donne aussi plus à son personnage et le rend un peu plus authentique que dans Spectre. Elle porte sur elle quelques unes des scènes les plus mémorables du film. On trouve également Ana de Armas dans une courte et furtive apparition. Enfin, Rami Malek interprète un sociopathe comme on en a déjà trop vu dans la franchise, mais y apporte une inquiétante étrangeté de son regard perçant. En toile de fond, on retrouve l'organisation Spectre, mais c'est bien le passé des personnages qui est leur ennemi. On retrouve d'ailleurs un jolie clin d'oeil à Vesper Lynd, le personnage joué par Eva Green dans Casino Royale. Malgré quelques moments de mou (il faut encore que tout le monde se retrouve une nouvelle fois à Londres et fasse le point), le réalisateur Cary Fukunaga parvient à entretenir le suspens jusqu'au bout et nous tient en haleine, là où Spectre n'y parvenait que de façon mitigé. Avec ses 2h45, le film est le plus long de toute la saga, mais il est très efficace et on ne voit jamais le temps passé. La photographie de Linus Sandgren (La La LandFirst Man) et la musique de Hans Zimmer (première incursion de ce géant dans la saga James Bond) jouent aussi pour beaucoup dans cette réussite.

Mourir peut attendre récupère des défauts déjà récurrent dans la saga, avec des méchants qui manquent toujours d'être assez crédible, un rythme en dents de scie, mais surprend par le côté psychologique et émotionnel avec un personnage de James Bond plus sombre que jamais qui se pose des questions sur lui et sur son rôle. Le film parvient à insuffler un début de souffle nouveau à un personnage vieillissant que l'ont commençait à croire désuet et obsolète. Daniel Craig y aura été pour beaucoup et son chant du cygne restera remarquable à tout jamais. La saga Bond est néammoins attendu au tournant pour la suite.

Mes cinq albums préférés de David Bowie

 

 Numéro 1 ex aequo Hunky Dory (1971) 

Précédant de quelques mois la « Ziggymania » et passant relativement inaperçu à sa sortie avant d'être redécouvert par la suite, Hunky Dory est indubitablement l'un les chefs d'œuvres de David Bowie. Ce dernier rend ici hommage à plusieurs de ses idoles: Bob Dylan sur Song for Bob Dylan, Andy Warhol sur le titre du même nom ou encore Lou Reed et le Velvet Underground sur Queen Bitch où tous les fondamentaux du glam de Ziggy sont déjà là. Mais c'est surtout grâce à cet album que l'on se rend compte de l'énorme talent de ce jeune songwriter avec des titres d'une maturité exemplaire tels que Bewlay Brothers où il aborde la schizophrénie de son frère et les resplendissant de beauté Life on Mars? - dont la mélodie est librement et volontaire inspiré de My Way avec des paroles plus « extra-terrestre » où il est question de recherche d'indentité - ou encore Changes où Bowie affirme représenté un vent de changement (« Ooh, look out, you rock 'n' rollers / Pretty soon now you're gonna get older »). Enfin, tout jeune papa, Bowie en profitera également pour faire un clin d'oeil au petit 'Zowie' Duncan Jones sur KooksHunky Dory est l'un des disques les plus personnels du chanteur. 

Key tracks : Changes - Life on Mars? - Quicksand - Queen Bitch - Fill Your Heart

Numéro 1 ex aequo Aladdin Sane (1973)

Cet album est la suite des aventures de Ziggy Stardust et devait même à l'origine s'intituler « Ziggy goes to America » (Ziggy va en Amérique). David Bowie a finalement choisi le titre de la chanson Aladdin Sane pour le titre de l'album (avec le jeu de mot « A lad insane », « un type fou » en français). L'album se démarque par un son plus rock et plus américain que le précédent. Le ton est plus « dramatique » que jamais comme en témoigne le poignant et somptueux Time où il est question d'apocalypse et de fin du monde sur un ton très drama de cabaret. Ce thème est aussi présent sur Drive-In Saturday où des survivants d'une apocalypse nucléaire ont oublié toute notion de sexe et regarde d'ancien films pour réapprendre à se reproduire. Chaque titre nous fait voyager dans des ambiances très particulières comme le superbe Lady Grinning Soul, entre mélancolie et nostalgie. Cracked Actor et son aspect proto-punkAladdin Sane et sa folie furieuse à peine contrôlée (et son solo de piano par Mike Garson totalement unique dans l'histoire de la musique contemporaine) ainsi que, bien entendu, le classique The Jean Genie, un calembour glam-rock sur le nom de Jean Genet, abordant l'homosexualité. L'album comporte aussi une reprise glam de Let's Spend the Night Together des Stones où Bowie se réapproprit complètement le titre. David Bowie devient alors une icône.

 Key tracks : Aladdin Sane - Drive in Saturday - Time - The Jean Genie - Lady Grinning Soul

 Numéro 3 : Low (1977)

Premier volet de la très osé « Trilogie berlinoise » de David Bowie avec le producteur Brian Eno, Low a été enregistré en France au Château d'Hérouville, là ou T.Rex, Elton John ou encore Pink Floyd enregistreront quelques uns de leurs classiques. Seul le mixage a été réalisé au studio Hansa à Berlin, légendaire studio dans lequel il pouvait régner une ambiance très spéciale puisqu'on pouvait y observer le mur et les gardes gardant l'accès à l'Est lorsque l'on y travaillait. Très inspiré par le style « Krautrock » défendu par des formations allemandes telles que Kraftwerk, Low (qui a bien failli s'intituler New Music : Night and Day) sera une prise de risque considérable pour David Bowie qui se lance dans des expériences beaucoup plus électroniques. C'est à Brian Eno que l'ont doit les nombreux synthétiseurs de l'album et le côté très avant-gardiste, tandis que Tony Visconti trouve l'idée des boites à rythmes révolutionnaires. La face A est marqué par un mélange de guitares, grosses percussions et synthés qui inspirera en partie le mouvement New Wave. Tandis que toute la face B de l'album est entièrement instrumental et il y règne l'ambiance du Berlin des années 70 aux travers de chœurs et de nappes de synthés assez troublants.

Key tracks : Breaking Glass - Sound and Vision - Be My Wife - Always Crashing in the Same Car - A New Career In a New Town - Warszawa - Art Decade

Numéro 4 : The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars (1972)

Chef-d'œuvre parmi les chefs-d'œuvre mais pas nécessaires Le chef-d'œuvre absolu, celui qu'on appelle couramment et plus simplement l'album Ziggy Stardust va marquer tout une génération et déclencher une véritable Bowiemania (ou « Ziggymania ») en Angleterre. L'album s'impose, dès sa sortie, comme l'un des albums piliers du « glam-rock », courant musical et artistique qui avait été lancé un peu plus tôt par l'ami de David Bowie, Marc Bolan et son groupe T.Rex. Mais c'est David Bowie qui va, avec cet album, immortalisé le glam-rock ! Premier album-concept de l'artiste anglais, l'oeuvre est une fiction sur le personnage androgyne et bisexuel Ziggy Stardust, rock star envoyé sur Terre avant l'apocalypse imminente. De l'annonce de cette catastrophe dans Five Years, jusqu'à la mort du personnage dans Rock'n'Roll Suicide, Bowie décrit le parcours et l'ascension de celui-ci en brassant différents styles tels le garage-rock (Suffragette City), le punk-rock (Hang on to Yourself) le heavy-metal (Moonage Daydream), la pop et le jazz (Soul Love) et la soul (Lady Stardust). S'ensuivra une folle tournée, longue et épuisante, où Bowie finira par tuer son personnage avant que celui-ci ne lui fasse trop d'ombre.

 Key tracks : Five Years - Moonage Daydream - Starman - Lady Stardust - Hang on to Yourself - Ziggy Stardust

Numéro 5 : Scary Monsters (and Super Creeps) (1980)

Après la trilogie berlinoise, David Bowie commence les années 1980 avec ce qui est considéré par certains comme son dernier grand disque, Scary Monsters (and Super Creeps). Cet album marque un premier pas vers un style plus commercial, en témoigne le single Ashes to Ashes où dans les paroles, Bowie tire un très sur son passé, puisqu'il y parle de Major Tom (le même que dans Space Oddity), un junky qui se drogue et il nous dit à propos de lui : « My mother said to get things done, You'd better not mess with Major Tom » (« Ma mère m'a donné des conseils, il ne faut pas trainer avec Major Tom » ). On retrouve sur l'album le guitariste Robert Fripp du groupe King Crimson (présent sur l'album "Heroes") qui excelle d'une manière parfaite et splendide sur It's No Game (titre en deux parties, qui ouvre et ferme l'album), le terrifiant Scary Monsters and Super Creeps qui parle d'une femme tombant dans la folie, l'excellent Fashion entre punk et funk, Teenage Wildlife ou encore sur la très bonne reprise de Kingdom Come de Tom Verlaine. Pete Townshend, guitariste des Who marque son emprunte sur Because You're Young. A noter enfin que le clip de Ashes to Ashes où Bowie est maquillé et habillé en Pierrot vaut le coup d'œil, d'autant que c'était à l'époque le clip le plus couteux. 

Key tracks : Ashes to Ashes - Fashion - Scary Monsters - Because You're Young - Scream Like a Baby - It's No Game

samedi 29 juillet 2023

Oppenheimer : Coeur froid et brûlant à la fois


Oppenheimer de Christopher Nolan (sorti le 19 juillet 2023)

Synopsis : En 1942, convaincus que l’Allemagne nazie est en train de développer une arme nucléaire, les États-Unis initient, dans le plus grand secret, le "Projet Manhattan" destiné à mettre au point la première bombe atomique de l’histoire. Pour piloter ce dispositif, le gouvernement engage J. Robert Oppenheimer, brillant physicien, qui sera bientôt surnommé "le père de la bombe atomique". C’est dans le laboratoire ultra-secret de Los Alamos, au cœur du désert du Nouveau-Mexique, que le scientifique et son équipe mettent au point une arme révolutionnaire dont les conséquences, vertigineuses, continuent de peser sur le monde actuel…

Audacieux, Oppenheimer parvient à être captivant malgré une durée de trois heures et une minute. Malgré quelques longueurs - car il faut bien le dire, c'est quand même long - je ne voit pas ce que l'ont pourrait retirer à ce film pour le raccourcir car chaque dialogue à son importance. C'est bavard, tendu et ça ne vend pas franchement du rêve, mais nous ne sommes pas franchement là pour ça. C'est plus un moment de l'Histoire auquel on assiste. Oppenheimer montre ainsi une grande froideur dans sa réalisation et le protagoniste à une allure très « Thin White Duke » à laquelle on parvient pourtant à s'attacher. Cillian Murphy lui donne beaucoup d'élégance et de finesse. On se prend à trouver Robert Oppenheimer fascinant. Il avait compris l'enjeu et en même temps, se pose la question de s'avoir s'il ne s'est pas fait dépassé par l'enjeu, justement. Le personnage est complexe et c'est bien ça qui le rend aussi intéressant. A ses côtés Emily Blunt est touchante dans le rôle d'une femme aimée mais impuissante face à ce que son homme à entre les mains. 

Christopher Nolan aborde avec ce nouveau long-métrage un thème qui lui est cher : la confrontation de l’Homme avec une puissance qui le dépasse. Après la dimension de l'Espace dans Interstellar, celle de la guerre dans Dunkerque et donc, là aussi celle de la guerre dans Oppenheimer, avec un point de vue différent cette fois, celui de l’homme qui crée lui-même le superpouvoir capable de tout détruire. Le film se situe dans la moyenne haute de la filmographie du réalisateur sans toutefois atteindre Interstellar ou Dark Knight. Les dialogues sont de qualité et ont retrouve l'exigence de Nolan, mais j'aurai aimé plus d'actions et de suspens. Bien que sophistiqué, l'ensemble est impeccable de réalisme.