samedi 23 septembre 2023


L'album Tension de Kylie Minogue (sorti le 22 septembre 2023)
★★★★

Au moment même où Kylie Minogue célèbre les trente-cinq ans de son premier album, elle décroche les honneurs avec un seizième album qui surprend par sa cohérente et sa production terriblement accrocheuse.

Celle que l'on surnomme la princesse de la pop poursuit sur une recette déjà bien établie depuis Light Years et Fever, mais elle le fait très bien. Touchant là où il faut en pleine nostalgie eighties - nineties avec Padam Padam et une chorégraphie devenue virale sur Tik Tok, la chanteuse nous déballe une jolie sucrerie d'été irrésistible, devenu un hymne de la fierté. Les paroles, aussi étranges que simple, sont le reflet d'un concept de légèreté, aux antipodes du titre de l'album : Tension.
Disco avait préparé le terrain il y a trois ans, mais souffrait d'être trop convenu, trop disco, justement, et peut-être pas assez Kylie aussi, là où la même année, Dua Lipa et son Future Nostalgia avait su capté une nostalgie assez large en piochant intelligemment dans le disco, les eighties et les nineties, tout en se tournant vers l'avenir. En accommodant les boules à facettes et les chapeaux de cowboy, la chanteuse avait sacrifié un certain degré de spontanéité. Cette fois, épaulé des producteurs Lostboy, du DJ allemand Oliver Heldens et retrouvant son acolyte Biff Stannard, Kylie a retrouvé le goût de la simplicité. En enregistrant avec une configuration de micro portable dans des Airbnb's et des chambres d'hôtel, Kylie Minogue revient à l'essence même de ce qui fait qu'on aime Kylie Minogue : Plus de spontanéité, et c'est ça qui fait qu'on la reconnait mieux.
On retrouve les thèmes de prédilection de longue date de la chanteuse : L'amour, le sexe. Outre l'entêtant Padam, Padam, Tension regorge de tubes potentiels. A commencer par le morceau titre et ses notes de piano appuyés qui apportent une vibe qui incite au laché-prise et au dance-floor. Hold on Now est une parfaite Kylie song, commençant en douceur sur les couplets et laissant place ensuite à un refrain dansant au possible, nous incitant juste à vivre nos rêves : « Dreamin' we'll be dancin' forever / Floatin' on this feeling together ». Things We Do for Love illumine par un rythme terriblement efficace qui en ferait un hit instantanée. One More Time propose un jolie mix disco - house, proposant de faire des choses à deux : « You know there's somethin' 'bout you and me / One more time, one more time, one more time... », tandis que You Still Get Me High clôt la première face de l'album en surprenant par un début lent, mélancolique, qui passe de manière presque inattendu, mais agréable à un rythme endiablé sur le refrain et une sensation de grandeur.

Hands et ses inévitables claquements de main pour une chanson portant ce titre, ralenti le rythme pour quelque chose de plus léger avec une partie rap à la manière d'Ariana Grande ou Dua Lipa sur Pretty Please (... de l'album Future Nostalgia). Green Light contient le genre de solo de saxophone que l'ont est plus habitué à entendre chez Sade ou Phil Collins, s'intégrant à la douceur du rythme pop du titre . Kylie Minogue repart à l'assaut du dancefloor avec un Vegas High ultra efficace que certain dirait qu'il a été écrit spécifiquement pour promouvoir sa prochaine résidence à Sin City. 10 Out of 10, produit par Oliver Heldens et en duo avec celui-ci, revendique avec brio ce canon en expansion pour les pistes de danse. Tension se termine par Story, une chanson d'amour plus pointu que les autres de par sa production et aussi vocalement où la voix de Kylie part très haut sur le refrain.
L'ensemble étant court (trente-cinq minutes), on pourrait regretter que les trois chansons de l'édition deluxe ne soit que sur celle-ci. Love Train et Just Imagine constituent une suite logique aux onze morceaux de l'album sont toutefois tutoyer les sommets de celui-ci. Somebody to Love, assez classique, mais efficace, ferme le disque de manière percutante.

À son meilleur niveau, la musique de Kylie possède une intensité énergisante de manière à faire tourner la tête et fait appel directement au cœur et au corps. Le produit final est un recueil de tous les sons pour lesquels Minogue est connu : de la synth-pop confiserie, de l'Euro house légère et de l'EDM. Tension est dans cette mouvance. Un pure album de Kylie Minogue. Vivant, romantique, glamour. Et plus encore, par sa production léché et précise, Tension se révère aisément être son meilleur disque depuis Aphrodite. Ainsi, la force de Kylie est d'être toujours là et surtout toujours au sommet pour nous faire vibrer et danser.

jeudi 14 septembre 2023


Portraits de Birdy (album parût le 18 août 2023)
★★★★

Propulsé au rang de star à l'âge de 15 ans avec ses reprises mélancoliques au piano de Skinny Love et People Help the People, il est intéressant de constaté que si le temps des passage radios et des sommets dans les charts est bien révolu pour elle, Birdy poursuit son ascension vers une humble reconnaissance critique avec des albums, qui certes ne se vendent clairement plus à la pelle, mais possèdent des qualités indéniables depuis le brillant Young Heart qui sonnait comme un tournant inattendu dans sa discographie, grâce à des textes plus matures et des mélodies plus sophistiquées.

Mais comment la jeune Jasmine - de son vrai prénom - pouvait elle bien évoluer et apporter du rythme à ses compositions sans dénaturé son style ? Eh bien, en exploitant corps et âme son admiration pour la prêtresse de la pop anglaise, Kate Bush. Plus globalement, Portraits est un délicieux pastiche de la new wave et ce dès les premières notes de synthés saccadées de Paradise Calling qui lui offre tous les atouts pour devenir un tube en puissance. Sur Raincatchers, c'est un brin nostalgique que Birdy se dévoile, parlant de rêves et d'innocences sur un beat catchy et des strings martelant le rythme comme Kate le faisait avec Cloudbusting. Le clip accompagnant la chanson est aussi déroutant qu'étrange. Plus surprenant encore, Ruins I et Ruins II montrent deux points de vue différent sur la rupture amoureuse. Le premier profite d'un arrangement hypnotique. La froideur de son refrain « It's a cold, cold life / We'll never be the same again / I was blind / Now I'm seein' through it ») et l'orchestration en font un moment fort de l'album. Quand, au second, il y est plus question d'acceptation de laisser partir l'autre (« You have the right to walk away / It's all right in your hands »). Ce dernier rappelant là encore beaucoup l'album Hounds of Love de Kate, ce qui n'est pour autant pas pour me déplaire, loin s'en faut. Heartbreaker et Automatic reviennent à un rythme plus soutenue, comme une ode au lâcher-prise. I Wish I Was a Shooting Star a ce petit quelque chose de Bowie en s'interrogeant sur son devenir, la peur de sombré, comme l'ombre de Major Tom dans Ashes to Ashes.  La chanteuse n'oublie pas ses premiers amours piano-voix avec la pureté de Your Arms qui s'intègre bien à l'ensemble. Battlefield commence dans la même vein et vient y ajouter délicatement de petites notes de synthés pour un résultat très juste. Le morceau éponyme, Portraits, est un moment suspendu, tout en nuances et légèreté, qui illustre l’influence de la pop de Christine And The Queens sur la jeune femme. Enfin, Tears Don't Fall est une jolie conclusion qui ne tutoie toutefois pas les sommets de la première moitié du disque. L'ensemble est cependant tout à fait honorable, respectable et mérite que l'ont s'y penche.

Sans rompre avec tout ce que l'ont connaissait d'elle et qui a fait son charme, Birdy ose laisser libre cours à son influence jusque là inexploité pour Kate Bush et la pop eighties. Bien que deux-trois titres ici auraient pu être des tubes radiophoniques, il n'y a ici pas nécessairement de démarche commerciale, mais une humble déclaration d'amour pour un style et une expression intime et personnel de la jeune chanteuse originaire du Hampshire pour quelques grandes figures de cette époque. Mention bonus pour la pochette avec une Birdy éprise, éblouissante, devant un reflet de toute beauté.