samedi 29 juillet 2023

Oppenheimer : Coeur froid et brûlant à la fois


Oppenheimer de Christopher Nolan (sorti le 19 juillet 2023)

Synopsis : En 1942, convaincus que l’Allemagne nazie est en train de développer une arme nucléaire, les États-Unis initient, dans le plus grand secret, le "Projet Manhattan" destiné à mettre au point la première bombe atomique de l’histoire. Pour piloter ce dispositif, le gouvernement engage J. Robert Oppenheimer, brillant physicien, qui sera bientôt surnommé "le père de la bombe atomique". C’est dans le laboratoire ultra-secret de Los Alamos, au cœur du désert du Nouveau-Mexique, que le scientifique et son équipe mettent au point une arme révolutionnaire dont les conséquences, vertigineuses, continuent de peser sur le monde actuel…

Audacieux, Oppenheimer parvient à être captivant malgré une durée de trois heures et une minute. Malgré quelques longueurs - car il faut bien le dire, c'est quand même long - je ne voit pas ce que l'ont pourrait retirer à ce film pour le raccourcir car chaque dialogue à son importance. C'est bavard, tendu et ça ne vend pas franchement du rêve, mais nous ne sommes pas franchement là pour ça. C'est plus un moment de l'Histoire auquel on assiste. Oppenheimer montre ainsi une grande froideur dans sa réalisation et le protagoniste à une allure très « Thin White Duke » à laquelle on parvient pourtant à s'attacher. Cillian Murphy lui donne beaucoup d'élégance et de finesse. On se prend à trouver Robert Oppenheimer fascinant. Il avait compris l'enjeu et en même temps, se pose la question de s'avoir s'il ne s'est pas fait dépassé par l'enjeu, justement. Le personnage est complexe et c'est bien ça qui le rend aussi intéressant. A ses côtés Emily Blunt est touchante dans le rôle d'une femme aimée mais impuissante face à ce que son homme à entre les mains. 

Christopher Nolan aborde avec ce nouveau long-métrage un thème qui lui est cher : la confrontation de l’Homme avec une puissance qui le dépasse. Après la dimension de l'Espace dans Interstellar, celle de la guerre dans Dunkerque et donc, là aussi celle de la guerre dans Oppenheimer, avec un point de vue différent cette fois, celui de l’homme qui crée lui-même le superpouvoir capable de tout détruire. Le film se situe dans la moyenne haute de la filmographie du réalisateur sans toutefois atteindre Interstellar ou Dark Knight. Les dialogues sont de qualité et ont retrouve l'exigence de Nolan, mais j'aurai aimé plus d'actions et de suspens. Bien que sophistiqué, l'ensemble est impeccable de réalisme.


dimanche 16 juillet 2023

L'album Sainte-Victoire de Clara Luciani




Avec 
Sainte-VictoireClara Luciani, 25 ans, ayant fait auparavant ses preuves au sein du groupe La Femme, se lance en solo avec un premier album qui constitue une véritable surprise, entre rythmes pop eighties, disco, et textes montrant une personnalités à la fois forte et attachante.

Au fil de onze titres, Clara Luciani, de sa voix grave et singulière, nous rappelle tantôt Barbara, tantôt Françoise Hardy, mais apporte une évidente fraîcheur grâce à des arrangements efficaces comme sur l'excellent single féministe La grenade et son franc parlé (« Qu'est-ce que tu regardes? T'as jamais vu une femme qui se bat ») Les envolés lyriques de Comme toi et la poésie de Monstre d'amourconstitue quelques-uns des sommets de ce disque qui connait plus de hauts que de bas. Car quelques titres sont en dessous, mais l'ensemble est cohérent. L'artiste touche au disco, à la pop, et même au jazz avec les arrangements au saxophone sur Eddy et Les fleurs. La ligne de basse de Comme toi, les percussions de Monstre d'amour, la guitare acoustique de Drôle d'époque, le piano-voix sur Dors, sont autant de moment intenses à l'écoute de Sainte-Victoire. Un album avec lequel Clara Luciani marque le pas, d'une victoire personnel sans doute, tout en marquant la pop française. Les débuts incroyables d'une artiste dont on a certainement pas fini d'entendre parler.